Arrivée de la "française"

Invité

L'aube se leva, fraiche et piquante avec son ciel pur annonciateur d’une belle journée ensoleillée à venir. La Duchesse d'Amboise tourna la tête vers son compagnon de route, lui offrant un sourire radieux. Voilà plus de deux mois maintenant que Bernhardt veillait sur elle et, après l'agacement initial de la Maréchale, une saine complicité s'était installée, affinée par ces deux semaines sur les routes, des brigands aux trousses.
Deux semaines qu'elle avait quitté la Touraine sur un coup de tête. Sa Touraine bien aimée agonisait et la dernière Duchesse en poste était en train de lui asséner le coup de grâce. Morgwen en avait affronté des crises depuis le premier jour, mais là, de guerre lasse, elle avait préféré s'éloigner et laisser faire. Lâchement peut-être, épuisée sûrement.

Bercée par le pas d'Esus et du reste de la petite troupe rejointe à Belley où son escorte franc-comtoise l'avait laissée auprès de ses gens partis avec les malles, Morgwen se remplissait l'esprit des images de cette magnifique région qu’elle découvrait. C'était si différent de ses terres de Loire, et même de ses terres natales, nettement plus au nord, dans l'Empire.
Tout en gravissant la route menant du village au château, elle put admirer son architecture, à la fois massive, carrée, mais aussi raffinée… rien de pesant dans l’atmosphère se dégageant des hautes murailles et de ces tours.

Eperonnant Esus, elle se dégagea du groupe, suivie de son ange gardien, pour atteindre les portes. Le convoi et son chariot, quant à eux trainaient sur la route, sans se soucier d’accélérer l’allure. Seul Ahès, destrier frison et inséparable d’Esus, renâcla, mécontent d’être retenu par une longe au chariot.

Devant la porte, Morgwen ne mit pas pied à terre, laissant le soin à Bernhardt d’annoncer leur arrivée. Un immense sourire ne quittait pas les traits de la duchesse… deux semaines avec la menace de tomber au mains de Darkofdragon… morte ou vive avait-il affiché à coté des 3000 écus de prime… Elle était fourbue de ce voyage et élément qu’elle ne risquait pas de dévoiler hormis à son ami, elle était soulagée ! Malgré sa franche crânerie, elle avait senti son cœur s’arrêter et ses doigts se refermer sur le pommeau d’Andarta à chaque rencontre douteuse. Andarta… nouveau nom d’Espérance la mal nommée par son forgeron. L’espoir était parti, usé, évaporé, désespéré… Il ne peut être éternel, il était devenu torture.
Inconsciemment, sa paume et ses doigts s’ouvraient et se fermaient nerveusement sur le pommeau d’or et d’ivoire, elle était en prise à une nervosité née de la hâte de revoir son ami, de secouer la poussière du chemin qui lui asséchait la gorge et rendait poudreuse sa vieille tenue de monte totalement inconvenante pour son sexe et son rang, d’être « enfin » arrivée et de pouvoir se reposer en paix, loin des soucis qui étaient siens et qu’elle espérait avoir laissé en France.

Invité

Pauvre vieux...
Cela fait cinq semaines que tu travailles comme un forcené... Il en à de bien bonne le maitre... Retrouver des meubles, refaire la toiture de la tour des Armes... Et puis avec les fuites au Donjon.

Enfin... Il ne restait plus un écu dans la salle forte. J'ai vendu même les coffres pour garder l'argent... Heureux la rente de Cardinal devrait améliorer la chose. Bon Dieu, Aristote, soit généreux avec ton vieux serviteur et son ministre !

L'alerte !

Une approche !...

Il faut dire que Menthon était jusqu'à présent administré comme une commanderie ou une place militaire... Déformation et habitude du maitre... Mais Jürgen était habitué depuis le temps et cela ne le gênait pas.

Les quelques gardes et guetteurs signalaient de l'approche.

Marche par marche, le vieux Jürgen qui avalait des centaines de paliers et d'escaliers par jour faisait le trajet vers le bas.

Kreuz son jeune filou de maitre, enfin plus si jeune, lui avait transmis avec moultes détails comme il savait le faire les descriptions des invités. Enfin un peu de vie... Il était tout anxieux en espérant que le séjour estival et les invités seront ravis, il s'était coupé en quatre, avait fait travailler de l'aube à la nuit les ouvriers, avec recruté quelques lavandières, tisseuses, couturières, domestiques... Pour la cuisine, il en ferait son affaire avec sa vieille Ilse, sa vieille femme se croyant maitresse des feux, mais il avait prit deux marmitons, pauvres gamins !.... C'était le minimum au demeurant, les gardes manger n'avaient jamais été aussi pleins de bonnes choses...

Essouflé et rougeot, il arriva vers la première porte.

Une voix se faisait entendre, puissante, mais ce n'est pas celle d'un de ses grands fistons.

Bernhardt ?!
Kommt hier ! Viens voirrr ton vieux mentorrr !
Comment vas tu fiston !

Arrêt brutal alors qu'il trotinne toujours, une ravissante Dame, monté comme un guerrier, le suit de peu... Réflexion entrecoupée d'une respiration saccadée, puis profonde révérence...

Frau Morgwen !
Votrrre Grrâce !
Wilkommen in Menthon !

Invité

Elle fit avancer sa monture pour passer la porte, suivant de près Bernhardt quand un grassouillet et jovial bonhomme aux cheveux blancs apparut, soufflant et pressé.

Frau Morgwen !
Votrrre Grrâce !
Wilkommen in Menthon !

Cachant sa stupéfaction d'être accueillie par son nom, elle renvoya un aimable sourire au vieil homme.

Danke schön... Herr?

Attendant qu'il se nomme, elle sauta bas d'Esus et lui frotta gentillement le chanfrein, lui soufflant un mot de remerciement pour la route parcourue. Cela ne dura pas plus d'une seconde, et elle refit face à l'homme. Se mordant la lèvre, elle chercha les mots germaniques dans sa mémoire tout en tapotant ses hautes chausses de cuir.

Ist der Kardinal anwesend?

Invité

L'effet de surprise est une réussite. La Duchesse semble un peu étonnée d'entendre son nom.
Regard complice vers bernhardt qui ne peut que sourire et le vieil intendant enchaine, toujours rouge comme la pivoine.

Nein, meine Dame.
Mein meister. Hum, mein maitrrre n'est pas encorrre arrrrivé.

Mais vous êtes la bienvenue en sa demeure. Vos appartements sont prêts depuis plusieurrrs, comment dit on ja, vertig, prrrêts.

Je me nomme Jürgen, ich suis, ach, je bin, nein, Entschuldigen Sie bitte, je suis Intendant du chateau. Et votrrre ami ! Ahahah !

Rire débonnaire et bonhomme pendant que deux jeunes pages viennent et s'inclinent gauchement pour attendre le chariot et les malles...

Venez votrrre Grrrace, venez, que je vous installe, hum, euuu, con-forrr-ta-ble-ment !

Invité

Anarchyhope était à son bureau lorque des bruits venant du portail lui firent lever la tête.
Kreuz l'avait prévenu qu'une de ses amies devait arriver, mais il ne se souvenait plus de son nom.
Pour régler cela, il pensait que le Cardinal ferait les présentations à bon hôte qu'il est.

Mais au lieu d'entendre ce mélange d'accent catalan et germanique, c'est un accent germanique très prononcé qu'il entendit.
La voix du pas très jeune Jürgen était devenue un sujet de plaisanteries dans le château.
Mais la sympathie et le dévouement de l'Intendant empêchaient que ces plaisanteries ne tournent à la moquerie.

En arrivant à la porte, il vit que les pages s'apprêtaient à aller installer la Dame dans ses appartements.
Il se dépêcha donc de se présenter, non sans avoir fait une révérence.

Bien des salutations à Votre Grâce.
Je suis Anarchyhope, Chevalier de l'Ordre des Templiers, et proche de Son Eminence.
Icelui m'a entretenu de votre arrivé mais point de si bonne heure. J'aurais su, je vous aurais fait ouvrir la herse.
Permettez moi de vous demander votre nom, le Cardinal me l'avait dit mais j'ai tendance à oublier certains noms.
N'y voyez pas un affront, mais plutôt une faiblesse de la part d'un plus très jeune moine soldat.

Peut-être avez vous soif, ou faim, auquel cas, nous trouverons de quoi vous sustenter en attendant le repas.
Quoi qu'il en soit, soyez la Bienvenue à Menthon.

Ah oui, j'allais oublier, pardonnez au Vicomte son absence, il est en route depuis la Provence. Quand il saura qu'il n'était pas là pour votre arrivée, il s'en mortifiera.

Invité

N'ayant plus à s'en faire pour ses gens, malles et montures, la Duchesse d'Amboise suivit Jürgen à travers la Cour. Son enthousiasme était un peu retombé mais le pli qui barrait son front, s'effacant quand elle fut nez à nez avec un homme qui l'accueillit d'une révérence. Tandis qu'il parlait ses traits s'éclairèrent et elle le resitua dans ses souvenirs.

Chevalier, c'est un plaisir. Je me souviens de vous, nous avons du nous croiser au Temple, du temps où notre ami était Grand Maitre. C'est bien cela, n'est ce pas?

Je me nomme Morgwen de la Louveterie. Si Kreuz m'a présentée à vous avant mon arrivée, je vous fais grâce de mes titres et fonctions qui n'ont que peu d'importance en ce lieu... et qui retarderait la dégustation d'un bon verre. La poussière de la route et le soleil matinal m'ont asseché la gorge. Je retiens donc votre proposition à me désaltérer, ensuite je pense que si vous n'y voyez pas d'inconvénients, j'irais me rafraichir de la route et me reposer un petit peu. Ces chevauchées nocturnes et les soucis de la route ont entamé ma résistance.

Invité

En effet Votre Grâce, il est fort probable que nous nous soyons croisés au monastère du Temple.

Comme boisson, j'aurais à vous proposer une eau de source limpide et fraiche ou une boisson plus forte locale, que l'on nomme ici Arquebuse, mais surnommée Génépi.
Cependant, si vous êtes vraiment fatiguée par le voyage, je ne saurais vous la recommander.

Quoi qu'il sen soit, le choix est votre et je m'en irai quérir la boisson que vous voudrez prendre.

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