Une arrivée attendue

Invité

Elle avait quitté Sion deux jours avant, non sans appréhension. Une croisade était en préparation disait-on, contre le Lion de Judas, installé à Genêve, mais elle s'en moquait complètement. Elle avait eu son lot de soucis du temps ou elle était chancelière, avant de prendre la décision de tout quitter, de ne plus se soucier de rien. Cette croisade, elle s'en moquait complètement, par contre elle se moquait beaucoup moins des brigands qu'on croisait tout au long des routes et qui allaient soutenir le Lion à Genève.
L'équipage n'était ni clinquant ni tape à l'oeil. Il fallait éviter d'attirer l'attention sur les routes helvètes. Mais ça, Aurea s'en moquait bien aussi, seul comptait qu'elle arrive à bon port, saine et sauve, et surtout avec toutes ses affaires de voyage.

Ils s'étaient arrêtés à Annecy et elle avait passé quelques jours chez son filleul. Elle y avait laissé la plus grande partie de ses affaires pour n'emmener que le minimum nécessaire avec elle. Minimum nécessaire assez difficile à évaluer en fait, puisqu'elle ne savait combien de temps elle y resterait, un jour, deux, une semaine... Elle n'en savait rien, elle ne s'était même pas posé la question.

Depuis le départ d'Annecy, elle était concentrée sur quelques papiers venant de Berne. Elle n'avait pas pu s'empêcher de jeter un oeil, pour commencer, et puis le second, et puis finalement elle avait passé des heures sur l'écriture d'un texte. Et pourtant, elle s'était promis de ne plus s'en occuper. Il lui avait fallu des mois pour se débarasser de toute la rancoeur et la haine qu'elle avait accumulée en quelques mois de travail intensif au pays helvète.. Mais malgré ça elle savait que s'il revenait la chercher elle le suivrait, comme il l'avait suivi la première fois qu'elle lui avait demandé, puis la seconde fois également malgré que lui ai dit qu'il n'y reviendrait plus. On aurait pu dire qu'ils étaient de ceux qui aiment tendre le baton pour se faire battre.
Mais notre duchesse était de ceux qui se révèlent dans les épreuves, de cette race d'hommes et femmes qui ont une force de caractère qui les rend invicible à toutes les attaques. Femme faible elle parrait dans ses belles tenues, sourire amical, regard doux, mais coeur de glace, de cette glace qui recouvre les lacs savoyards les hivers froids.

Les paysages de campagne défilaient sans qu'elle n'y prête attention. A vrai dire elle n'aimait pas les alentours d'Annecy. Et dire que sa famille voulaient qu'elle se rapproche, elle risquait fort de passer plus de temps dans son Bugey qu'avec eux. Elle allait devoir s'aménager un château mais elle ne savait pas encore lequel. Elle voulait donner le Valromey à son neveu, Châteauneuf était donc exclu, Evann s'y installerait. Les Allymes, elle y avait grandi mais ne l'aimait pas pour autant. Elle aurait aimé Andert, s'il n'avait pas été si éloigné de son Valromey. Elle aurait aimé avoir Culoz, au pied du Colombier, parce que de la haut elle pouvait le voir, son Valromey. Pour l'avoir elle devrait faire la guerre au baron... Kreuz. Une grimace. Non, pas bonne idée. Ses terres valaient peut être cent fois celles de Culoz, mais ses hommes n'étaient pas des guerriers, alors que ceux de Kreuz... Non très mauvaise idée, elle risquait de perdre plus qu'il y avait à gagner.

Une voix à l'extérieur la tire de ses réflexions expansionnistes :
Nous arrivons... Et la suite inintelligible. Ca c'est pas grave, l'important c'est qu'enfin ils soient à destination.
Elle rassemble les papiers qu'elle avait étalé un peu de partout sans même s'en rendre compte et les range dans un tiroir sous le siège face au sien. C'est bien utile ces rangements, des tiroirs sous un siège, un petit placard sous un autre. Elle y range quelques affaires, des papiers surtout, son matériel d'écriture, même si les routes souvent cahoteuse ne sont pas l'idéal pour s'en servir. L'important c'est surtout qu'elle ai tout à portée de main.
Le temps de tout ranger le carosse s'est immobilisé et semble attendre... attendre quoi, qu'on leur ouvre, qu'on les laisse passer, qu'on vienne à leur rencontre. Elle s'en moque bien en fait, c'est pas elle qui dirige le convoi.

Mais elle n'aura pas à attendre bien longtemps, la portière s'ouvre déjà et laisse apparaitre un bras tendu vers elle, pour l'aider à descendre.

Invité

La Duchesse Auréa était attendue de pied ferme par toute la maisne. Son "jeunot" de maître, le Kreuz qu'il avait vu grandir était tout heureux de recevoir une amie de si longue date. Au chateau tout était plus actif et plus fébrile. Pourtant les gens du cru avait déjà reçu des Cardinaux au Grand Maître de France, en passant par une bonne partie de la Haute Noblesse des Royaumes, mais le cas était là un peu différent.

Les guetteurs habituels et les amis d'Alex au village étaient chargés d'annoncer le passage d'un carrosse avec escorte en direction du chateau, et cela ne manqua pas... Avertis bien à l'avance, les rouages de l'accueil se mirent en place. Les rumeurs allaient bon train ci-bas, surtout que pour une fois on avait fait mettre les petits plats dans les grands.

Jürgen, débonnaire à son habitude, descendit jusqu'à la Cour Basse. Le Carrosse avait passé l'entrée, franchit le glacis et le premier corps d'armes, puis ce qu'on nommait ici la "Première Porte" (qui était de fait la seconde :p). Au sortir du long tunnel taillé entre roches et remparts épais, la voiture si'immobilisa.

Une dizaine d'hommes de la garde vicomtale de Menthon était alignée, tandis que d'autres Fléaux étaient aussi présents pour faire les honneurs à l'invitée de leur maître, tout comme pour voir la ravissante amie de toujours du patron. Jürgen avait eu beau dire, ces crapuleux étaient là, impeccables, la mise belle et les tenues, armures, capes rutilantes et propres. A pour sûr, leurs gueules cassées et leurs airs patibulaires faisaient peur, mais au final, ces ptits malins n'étaient là que pour savoir qui pouvait donc être proche du chef. De vrais sales mioches pensa Jürgen...

Le vieil intendant alors qu'il patientait et laissait sa Grâce descendre de carrosse, aidée de ses gens, fut rejoint par le Capitaine des Fléaux, Bernhardt et de son épouse Natasha, qui s'était fait belle et pour le retour de son mari tout comme l'accueil de cette invitée de prestige... La belle Auréa étant enfin sortie de sa coquille protectrice, le Jürgen avança, suivi à deux pas par le colossal Capitaine saxon et son épouse. Il plongea dans une grande révérence qui lui fit monter le rouge aux joues, ce qui lui arrivait tout le temps ou presque.

Wilkommen votrrre Grrrace !
Dame Aurrréa, c'est ein honneurrr et plaisirrr !

Je suis Maïtrrre Jürrrgen, Jürrrgen Klöpsch, Intendant Guénérrral
Und Kapitain Berrrnharrrdt von Berrrgerrr, du Fléau
Und Dame Natasha von Berrrgerrr

Bern s'inclina respectueusement alors que sa belle épouse releva ses robes pour faire révérence. Jürgen se redressant regarda les troupes au garde à vous et souria. Tous les yeux étaient rivés sur la Duchesse, les rumeurs étaient bien vraies.... Les belleysans n'avaient pas racontés de bêtises !...

Invité

Enfin Menthon.
Elle n'y avait jamais mis les pieds. Kreuz n'y était pas souvent, et elle, jusqu'à présent, n'avait jamais trouvé le temps de se faire inviter. Ses déplacements, elle les réservait à ses terres, ou la Bresse et parfois Bagé, sa famille donc.

Premiers pas à Menthon... plutot la forteresse de Menthon. Bon, c'est grand, et imposant. Ca colle bien au personnage.
Premiers pas donc, et un accueil en grande pompe. Elle n'en demandait pas tant.
Ils sont nombreux, mais pas le temps d'entreprendre un comptage qu'on s'avance vers elle.

Wilkommen votrrre Grrrace !
Dame Aurrréa, c'est ein honneurrr et plaisirrr !

Je suis Maïtrrre Jürrrgen, Jürrrgen Klöpsch, Intendant Guénérrral
Und Kapitain Berrrnharrrdt von Berrrgerrr, du Fléau
Und Dame Natasha von Berrrgerrr

Large sourire, ils savent déjà qui elle est, pas besoin de se présenter.

Je vous remercie de votre accueil, mais je n'en méritais pas tant.

Petit geste rapide en direction des hommes au garde à vous, dans leurs tenues propres, brillantes et clinquantes.
En fait elle se sentait presque mal à l'aise. Elle était plus habituée aux accueils discrets, et malgré qu'elle ai été par deux fois souveraine régnante de provinces impériales, elle était plutot de ces gens qui oeuvrent dans l'ombre de ceux qu'on expose aux regards, ou parfois à la vindicte populaire. Et c'est ce qui l'empêchait d'accepter la charge qu'on lui avait proposé il y a peu en Helvétie. Pourtant, l'épisode helvète avait un mauvais gout d'inachevé et accepter l'aiderait sûrement à clore ce chapitre, une bonne fois pour toute.

Enfin pour l'instant elle décida de mettre de coté ses pensées helvètes.
Elle avait accepté l'invitation de son ami le Vicomte et Cardinal Kreuz pour justement s'éloigner de toutes les questions qui la taraudaient et passer, simplement, du bon temps, comme autrefois, lorsqu'ils restaient des heures à parler, se raconter l'un l'autre.

Avant qu'on ne l'invite à entrer, elle se retourna vers son jeune page, qui la suivait dans ses déplacements depuis ses huit ans (bien utile les petits pour se faufiler de partout et espionner ^^).

Etienne, quand on mènera mes affaires dans mes appartements, tu veillera à ce que tous les papiers venant de Berne ne soient pas avec.

De nouveau un large sourire, elle va bientot le revoir, son Vicomte. Ces derniers temps elle l'a revu quelques fois, même plus souvent que ces deux dernières années, mais c'est à chaque fois avec plaisir, si des fois certains l'ennuient, elle ne se lasse jamais de sa présence.

Admin Nombre de messages : 654 Date d'inscription : 10/06/2007

Elle était arrivée, enfin ! Derniers coups d'oeils à Marilisa pour s'assurer que les intérieurs et appartements étaient bien aprêtés. Parfait. Replaçant alors sa longue cape d'intérieur noire, doublée de fine fourrure sombre sur sa chemise toute d'ébène, il commença à dévaler les dizaines de marches menant jusqu'à son invitée. Cour. S'arrêtant un instant sur l'escalier fortifiée séparant Haute et Basse Cour, il profita de la vue, regardant Jürgen, Bern et Natasha présenter leurs hommages à la Duchesse. Comme à son habitude, celle ci jetait de petits regards de droite à gauche, toujours avec retenue et curiosité, sans doute perdue dans ses profondes métaphysiques réflexions... Il avait posé un pied en appui sur le parapet, le bras posé sur la cuisse pour regarder la parade. Et ces foutus gaillards qui faisaient les fiers et les curieux. Cela se payerait cher...

Elle n'avait pas changé d'antan, si ce n'était quelques rides, un peu plus d'assurance et des robes nettement plus couteuses ^^... Elle releva la tête vers lui et il se redressa, s'étant laissé aller à une posture peu convenable à la réception d'une Duchesse avant de lui adresser un petit salut de la dextre.

Kreuz mi-soupirant mi-riant, reprit la descente, se demandant combien d'épées ou de pointes de flèches pourraient être commandées pour le prix d'une telle robe, mais de toute façon, il le saurait vite, sa belle amie d'antan était là pour cela... Il voulait depuis longtemps faire un tel cadeau à sa petite filleule. Il arriva enfin, dépassant ses trois compères, amis et suivants pour venir se planter devant Auréa. Ses yeux plongèrent dans les siens alors qu'il ne pouvait retenir un large sourire.

Ma belle amie... Bienvenue en ma demeure.

Ce fut son buste qui plongea à son tour, dextre en avant pour lui faire galant baise main. Puis se redressant, il la regarda à nouveau, pour venir lui faire la bise, avec simplicité et affection.

Sois ici chez toi Auréa.

La laissant avancer d'un pas, il adressa un sourire au jeune homme qui suivait Auré. Il gardait sa main dans la sienne pour la prendre au bras, afin d'être lui même son guide et son cavalier. Se détournant un instant d'elle, il alla fusiller du regard ses Fléaux et se retint de justesse de grommeler dans sa barbe. S'éclairsissant la voix, il revint à son invitée.

Te voilà encore à mon bras. Nous nous serons plus vu en quelques jours que ces dernières années... Et tellement moins qu'avant ! J'espère que le futur sera plus clément envers moi, pour profiter un peu de toi ma chère... amie.

Il avait faillir dire et vieille, mais il serait mort dans d'attroces souffrances les econdes suivantes, ouf, il avait réussi à controler de justesse... Mais il faudrait faire plus attention.

J'espère que tu as fait bonne route quand même ?... Veux tu boire ou manger ? Te rafraîchir peut être ?

Invité

Enfin, il venait l'accueillir. Pour un peu elle aurait pensé qu'elle le dérangeait.

Boire, manger... Elle n'a pas faim, mais soif, par contre... Enfin non elle ne va pas réclamer à boire à peine arrivée. Oui se rafraichir, ça c'est bien, même si le trajet d'Annecy à ici n'a pas été très long, ni éprouvant, ni fatiguant, et elle pourra veiller à ce qu'on déballe correctement ses affaires. Et après... hum peut être pas entrer dans le vif du sujet directement.

Si tu n'y vois pas d'inconvénients, j'aimerais que tu me montre "mes" appartements... et ensuite...

Ah ben oui, et ensuite ?
Ensuite, prendre le temps !

Et ensuite tu pourrais me faire la visite des lieux non ?
Je dois être une des rares à ne pas connaitre Menthon.

Tournant la tête ves le vicomte, la JEUNE duchesse (et gare à celui qui osera lui dire qu'elle est vieille) lui adressa un large sourire qu'elle n'eut même pas besoin de forcer. Elle était bien, simplement, au coté de son vieil ami.

Admin Nombre de messages : 654 Date d'inscription : 10/06/2007

Elle lui rendit un joli sourire, non elle n'avait pas changé sa Nauré, comme du temps du Pigeon Voyageur... Acquiessant à sa proposition, il approuva d'un hochement de tête.

Tes appartements sont prêts mon amie, j'espère qu'ils seront à ton goût. Et bien sûr, nous ferons la visite du chateau, qui n'est pas si connu que cela quand même. C'est avant tout une forteresse, et un lieu tranquille quand même.

Continuant tranquillement la marche, il garda la Duchesse au bras pour lui faire monter l'escalier fortifié menant à la Haute Cour.

Nous allons jusqu'à tes appartements, après, rien ne presse, tu es ici comme chez toi, mais tu le sais déjà...

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