Une cavalière qui tempete

Prendre la première bifurcation... à droite... non... à gauche... rah ! voilà... et puis continuer... une autre...

Pester, ca oui, elle pestait, mais qui ne l'avait vu le faire à un moment ou un autre ? La consigne de rejoindre Menthon était tombée hier. Tambour battant, elle avait enfourché sa monture pour rejoindre la forteresse. L'insigne de son Ordre décorait le licou de la jument andalouse qui l'accompagnait maintenant partout.
Au village plus bas, on lui avait indiqué le chemin à suivre pour rejoindre l'antre du vicomte. Mais Dieu... ah non, oublier de jurer, ca ne serait pas de bon aloi ici ! Diable... ah non, ca non plus... Bon sang, oui voilà, Bon sang que le chemin était tortueux. Finalement la Capitaine des Dames Blanches finit par rejoindre la cour basse et annoncer sa venue à un garde qui menait le guet.

Hola, garde ! Pourrais-tu annoncer ci devant au maitre des lieux la venue de la représentante de l'Ordre des Dames Blanches, Kirah du Breuil, Capitaine de son état ?

D'autres hommes dont les tetes ne lui était pas inconnues attendaient dans la cour. S'enveloppant dans son long manteau de cuir qui en avait vu d'autres, elle attendit qu'un laisser-passer lui fut fourni

Etant passé par le bourg et par Annecy, la Dame Blanche avait été vue par les guetteurs et les hommes du Cardinal. Bernhardt étant en train d'engloutir son troisième lapin de la journée (et oui, ça mange sévère un saxon de six pieds de haut), le fringant lieutenant ne put pas s'empêcher de se précipiter pour accueillir la Dame. Valentinon le romain était sur le coup aussi, mais Dieter avait prévu le coup pour le courreur de jupon et l'avait collé au contrôle des souterrains nords, il en aurait pour quelques heures à faire le rat. Rhaaa quel coquin, héhé.

La Dame avait passé les portes qui lui furent ouvertes, tout du moins la première et il avança. Diantre quelle était jolie cette Dame ! Le patron n'avait pas menti sur ses histoires en leur fôret en parlant de la beauté de ses Dames blanches, les anciennes Amazones. C'était pour lui une aura de mystères et il aimait cela les mystères, sinon il ne serait pas au service de Kreuz, hein ?

S'inclinant avec respect, il claqua la langue et deux garçons d'écuries arrivèrent. Il regarda le plus grand qui était de très haute lignée et lui fit signe de repartir. Pas moyen de risquer que la Dame Kirah le reconnaisse... Dépité Guilhem fit demi tour.

Bien le bonjour Dame.
Soyez la bienvenue en la demeure de Son Eminence, Vicomte de Menthon Saint Bernard.

Je vais vous conduire au chaud et vous montrer vos appartements, le temps de m'assurer de votre sauf conduit.

D'un hochement de tete, elle acquiesça à la proposition du garde, dévoilant ainsi partiellement son visage couvert de la large capuche de son manteau. C'est qu'elle a pris récemment encore quelques leçons auprès de maitres en la matière dans sa région d'origine.

Le garde se fait tout bonhomme... est ce donc là l'habitude céans ? Circonspecte, elle descend prestement de sa monture, tenant la bride à sa jument qui ensence. Conservant son regard sur le garde, elle tend les rennes au garcon d'écurie qui attends là, l'autre étant reparti déjà.

Faisant mine de chercher dans ses poches, elle pose une main sur la garde de son épée, presque méfiante, tout en sortant le parchemin recu du Connétable de France et lui indiquant de venir icelieu de l'autre.

Voici tout ce dont je dispose, le scel est véridique.

Ces quelques mots, posés à voix calme, claquent dans la cour qui s'est vidée entre temps. Si le froid de ces montagnes la prend, elle n'en montre rien, meme si pouvoir approcher ses mains d'une flambée ne se ferait pas de refus. Elle ne connait le maitre des lieux que de réputation, meme si de vagues souvenirs liés à la Normandie se sont réveillés en elle quand elle a entendu le nom de celui-ci. Elle ne sait pas encore pourquoi et quel est le lien mais le vernis que Paris lui a apporté et le controle d'elle que l'Ordre prone lui permettront probablement de dissimuler ses sentiments propres s'il y avait lieu.

J'attendrai donc.

Dieter prit le parchemin et observa le scel quand un craquement d'os le fit se tourner. Bern était là s'inclinant et il restait plus grand qu'eux même ainsi.

Sous ses airs de tueurs des montagnes, c'était un homme adorable, sans armes et le ventre plein.

Dame, je vous présente le Capitaine Bernhardt, le Capitaine de la Garde de Son Eminence et pardonnez moi, j'ai manqué à mes devoirs, je suis son second, le Lieutenant Dieter.

Venez je vous prie, tout à l'air parfait. Les françois n'ont pas l'habitude en général de notre climat dur et froid. Une grande flambée et un ragout frémissant vous attendent. Nous avons une réserve de fourrure qui plus est pour les invités, afin de se prémunir du froid. Il devrait neiger bientot, sait on jamais...

Nouveau hochement de tete qui peut paraitre hautain mais qui n'est que le signe de la défiance qu'elle montre toujours en tout lieu inconnu qu'il lui est amené de traversé. Réflexe de soldat sans doute, réflexe de la cour parisienne surement aussi. Ne jamais trop donner, attendre un premier pas, observer, aviser. Voilà sa regle de conduite à présent. Trop ont espéré profiter de sa position et de ses supposés pouvoirs et influences.

Une génuflexion légère accompagne alors le hochement.

Puisqu'il semble etre l'heure des présentations formelles...
Kirah du Breuil, Capitaine de l'Ordre des Dames Blanches. Duchesse... d'autres titres encore mais qui n'ont pas leurs places ici... Pair de France également. Mais à nouveau, cela importe peu avec l'objet de ma présence.

Regardant tour à tour les deux hommes, elle attends un signal de leur part, une invite à entrer. La méfiance est toujours là... le froid aussi. Imperceptiblement, sa main se détend sur la poignée de sa fidèle compagne. Symbole de son grade et de son expérience, elle ne la quitte pas ou presque.

Je vous suis, lieutenant. Effectivement, votre contrée n'est pas des plus chaudes qui soit, je puis le dire, au vu des moultes traversées du Royaume que j'ai été amenée à effectuer. Je dois me rentre avant tout dans une certaine salle m'a-t-on dit. Cependant, j'aimerais que vous demandiez pour moi un entretien privé à votre maitre.

Dernier hochement de tete, autoritaire presque, pour signifier la fin de l'entretien et son souhait de régler au plus vite ce qui l'amène icelieu. D'autres tâches l'attendent au loin, le devoir avant tout... point de répis, meme si elle y aspire cependant.